Transformer les pratiques et les habitudes
La transformation des méthodes de production agricole est complexe. Elle est freinée par l’intégration de l’agriculture dans un système mondialisé et les impératifs de rentabilité des exploitations agricoles, incitées depuiscinquante ans, par l’industrie agroalimentaire et les politiquespubliques, à investir, s’agrandir et augmenter leur productivitégrâce aux machines, engrais et pesticides.
Cette transition suppose également une évolution des outils de transformation, de la logistique, de la distribution et plus largement, des rapports entre la société et les agriculteurs. Cela nécessite enfin des actions fortes pourréorienter les choix alimentaires des Français.
En effet, l’alimentation est aujourd’hui le premier facteur de risque évitable de mauvaise santé, et les pathologiesliées à l’alimentation représentent 80% des causes de décèsprématurés par maladies non transmissibles(3).
La transformation des systèmes alimentaires est un enjeu de santé publique, d’autonomie alimentaire, de transition écologique et de justice sociale qui ne peut êtreabordé que de manière systémique. C’est en effet l’ensembledes activités qui concourent à nourrir les populations quidoivent être déconstruites et repensées si nous souhaitonstendre vers une « alimentation qui protège la biodiversité etles écosystèmes, est acceptable culturellement, accessible,économiquement loyale et réaliste, sûre, nutritionnellementadéquate et bonne pour la santé, et qui optimise l’usage desressources naturelles et humaines. » (FAO, 2010)
De nouveaux modèles
Les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) ont identifié la plupart de ces problématiques et tentent d’y répondre avec un nombre croissant d’initiatives ces dernières années, agissant sur l’ensemble des volets du système alimentaire. Certains cherchent à faciliter l’accès des paysans à la terre ou à sécuriser leurs revenus, d’autres les accompagnent pour transformer leurs pratiques ou créer de nouvelles filières.
Ils inventent de nouveaux modèles pour favoriser l’accès à une alimentation locale et de qualité pour tous, par exemple par le biais d’épiceries sociales et solidaires, ou d’approches innovantes comme des tiers-lieux dédiés à l’agriculture et l’alimentation. D’autres s’engagent dans la lutte contre le gaspillage avec des cantines participatives, l’éducation à l’alimentation, ou encore l’accompagnement des structures de restauration collective.
Une partie de l’intérêt et du succès de ces innovations tient aux spécificités des structures qui portent ces projets :
- Elles ont un projet social et un objectif pour leur territoire.
- La performance économique est au service du projet
- Elles ont une gouvernance démocratique qui inclut les parties prenantes.
Ce document propose une synthèse des défis que doivent relever les activités agricoles et alimentaires en Auvergne-Rhône-Alpes pour tendre vers l’objectif de proposer une alimentation durable aux citoyen·ne·s, et des pistes pour mieux comprendre le rôle que peut jouer l’Economie Sociale et Solidaire au travers d’exemples, d’analyses et de retours d’expériences.