L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Bioversity International définissent l’alimentation durable comme regroupant : « des systèmes et régimes alimentaires ayant de faibles impacts sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations présentes et futures. Les systèmes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, les denrées sont culturellement acceptables, accessibles, économiquement équitables et abordables, nutritionnellement adaptées, sûres et saines, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines. »
Aujourd’hui, la réalité du secteur est toute autre. De la production à la consommation, les systèmes alimentaires ont atteint un stade agro-industriel tertiarisé, financiarisé et globalisé. Leur « course productiviste » tente de répondre à l’accroissement de la population mondiale, mais surtout aux exigences de rentabilité des grands industriels au détriment des producteurs locaux et des consommateurs. Après 50 ans de transformations accélérées, de profondes mutations sociales, économiques et technologiques, nous sommes entrés dans l’ère inédite d’abondance après une longue période de pénurie. Notre alimentation est plus variée que jamais.
L’alimentation durable s’inscrit dans la dynamique plus globale du développement durable. L’efficience du système est remise en cause, notamment à la lumière des impacts :
• environnementaux : changement climatique, dégradation et artificialisation des sols qui engendrent une baisse de la qualité nutritionnelle et vitaminique des fruits et légumes, épuisement des énergies fossiles, pollution de l’air, de l’eau, etc.
• sociaux : crises sanitaires, santé des populations, conflits d’accès à la terre, etc.
• économiques : fragilisation des économies locales, financiarisation, disparités dans la répartition de la valeur ajoutée, etc.
Un grand nombre d’acteurs de l’ESS s’investit depuis longtemps pour l’amélioration du lien entre l’humain et son alimentation. Les coopératives agricoles et le commerce équitable ont longtemps été les deux applications emblématiques de l’ESS dans la sphère alimentaire. Par ailleurs, le secteur voit éclore un nombre croissant d’initiatives répondant aux valeurs de l’ESS : agriculture bio, circuits courts alimentaires, aide alimentaire… Notamment pour renforcer la situation nutritive des plus précaires et des plus fragiles. Aujourd’hui, d’autres groupes s’ouvrent à une « nouvelle équation alimentaire » : Manger ou habiter ? Quantité ou qualité ?
Notre Région Auvergne-Rhône-Alpes est historiquement un « carrefour culinaire », avec le plus grand nombre d’influences gastronomiques en France (source : Crédoc). De plus en plus de ses citoyens souhaitent rajouter à leur menu la notion de « durable » (manger bio, local et de saison), avec la volonté de « reprendre la main » sur un système alimentaire territorial et équitable. Le paysage est en pleine mutation, le terrain encore majoritairement en friche. De nombreuses niches émergent, de la production à la consommation. Les enseignes de l’ESS seront là pour les remplir et être garantes que nos futurs systèmes alimentaires ne soient pas seulement durables mais également plus sociaux et solidaires.