C’est une banalité que de dire que nos modes de vie « modernes » reposent sur des ressources énergétiques abondantes et bon marché : sans le charbon, le pétrole et le gaz naturel1 et enfin l’uranium tirés du sous-sol, la société de consommation dans laquelle nous baignons n’aurait jamais vu le jour.
L’usage immodéré que nous en faisons conduit inéluctablement à leur renchérissement et leur épuisement ; et est en passe de mettre en danger, à court terme, les conditions mêmes de la présence de l’humanité sur terre. Face à ces constats, une autre vision de l’énergie a émergé de la société civile. Elle consiste d’abord à réduire drastiquement notre consommation d’énergie en répondant plus sobrement et plus efficacement à nos besoins de chauffage, de mobilité et d’électricité2, puis à faire appel aux différentes formes d’énergies renouvelables. L’électricité, environ 25 % de notre consommation totale d’énergie, peut être produite à partir des cours d’eau, du soleil et du vent, ainsi que plus ponctuellement
des bioénergies.
La production d’électricité renouvelable est par nature fortement décentralisée et peut de ce fait être portée par des acteurs locaux et des citoyens. Par exemple, c’est grâce à l’action des coopératives danoises dès les années 1970 que l’éolien a pu se développer et devenir l’une des filières aujourd’hui les plus compétitives au niveau mondial.
L’implication des acteurs locaux dans la production d’électricité renouvelable, individuelle ou collective à travers des sociétés locales, permet la réappropriation citoyenne de cette activité et favorise la responsabilisation de chacun.e face à sa propre consommation d’énergie. Parce qu’elle permet la valorisation de ressources locales, la production d’énergie renouvelable est aussi une activité économique créatrice de richesse et d’emplois non-délocalisables au bénéfice des territoires et de leurs habitants, notamment dans le monde rural qui bénéficie des gisements les plus importants.
À ce titre, elle est aussi potentiellement au coeur d’une redéfinition plus équilibrée des relations villes-campagnes dans une société plus solidaire, apaisée et réconciliée avec elle-même.
Autant de (très bonnes) raisons pour cultiver et renforcer le lien naturel entre énergies renouvelables et ESS !
1 Appelé ainsi parce qu’on le trouve tel quel dans la nature mais pas parce qu’il serait renouvelable, contrairement au biogaz.
2 Le scénario négaWatt (https://negawatt.org/Scenario-negaWatt-2017-2050) montre qu’il est possible de la diviser par 2 sans perte de
confort, ce qui rend plus facile le passage à un approvisionnement énergétique « 100% renouvelable ».